Notre installation au Clos de Saige

Catégories: Privé,Témoignages

 

En 1974, nous avons emménagé au Clos de Saige, à Pessac dans une maison neuve. J’avais un jardin. Á l’école, il y avait un parc avec des arbres en fleurs parfois. Pour moi, qui venais de Bordeaux centre et n’avais connu qu’une école grise, l’asphalte des rues c’était déjà la campagne. L’instit me disait: « La campagne, tu trouves! »

 

Au Clos de Saige, je me suis vite fait des copains, les fils G., les filles P., Valérie L. et bien sûr mes voisines Nathalie et Claire. Valérie organisait des fêtes dans son garage. Elle décorait la pièce et tous les copains du Clos de Saige venaient s’amuser. Les filles P. adaptaient des pièces de théâtre : » L’Avare »… Nathalie et moi faisions des spectacles de marionnettes aux scénari idiots mais nous n’avions que huit ou neuf ans. Nous faisions une première représentation devant les copains qui riaient un peu de la simplicité de nos scénari, puis une seconde devant les parents qui étaient plus indulgents.

 

L’école était juste à côté de la maison. Tous les matins, nous nous faisions un devoir ma sœur et moi, d’aller chercher les Loustaunau pour aller à l’école. Ils étaient toujours en retard. Quand nous arrivions chez eux, ils se lavaient. Nous assistions à leur petit-déjeuner. Quand nous le racontions à mon père le soir, ce dernier nous disait:  » Filez donc à l’école ! Laissez-les se démerder  » Mais nous ne voulions pas les laisser tomber. Sur le chemin de l’école, nous rencontrions pleins d’écoliers qui grimpaient au noisetier. Pauvre Noisetier ! Il en a perdu des branches, cassées par les gamins qui montaient jusqu’à sa cime pour cueillir des noisettes. Sur le chemin de l’école, ils jetaient leur cartable lors de batailles endiablées. Puis chacun regagnait sa classe.

 

La première année, j’ai eu une institutrice sévère mais juste. Moi, je n’avais pas de problème en classe. Mais la pauvre Tomacita, qui faisait une faute tous les trois mots, devait copier cent fois les mots mal orthographiés. J’étais désigné pour l’aider. Au moins une fois par semaine nous allions faire le tour du parc de l’école pour nous occuper des arbres. Chaque élève avait son arbre. Moi, j’avais l’érable. Il y avait trois sortes d’érables dans l’école: l’érable commun, l’érable sycomore et l’érable lacinie: Ça me faisait trois fois plus de travail car il fallait observer l’évolution de chaque arbre et mettre les échantillons dans l’herbier. En CM2, tout était plus facile à commencer par l’institutrice qui pratiquait la méthode Freinet. C’est l’année où nous sommes allés en classe de neige. On a bien rigolé! La pauvre Maryse s’est cassée la malléole à part ça le soir, lors des veillées, chacun avait son histoire à raconter. A table, Bertrand ,toujours malicieux, singeait la pauvre Corine. Elle était son bouc émissaire préféré. Lors d’une veillée, la classe de neige d’à côté a invité toute notre classe à une soirée. Ils jouaient  » La petite Fadette » d’après George Sand. Fadette, qui dans la pièce est traitée comme une souillon, est sans cesse interpellée au nom de « Fadette, Fadette ». Bertrand, qui singeait les acteurs de la pièce, appelait tout le monde « Cadette ,Cadette ». Ce surnom lui est resté. Tous les matins nous allions skier, l’après-midi nous faisions le travail de classe. Mon pantalon a craqué sur les pistes. Laurence a rigolé et s’est foutue de moi. L’institutrice a dit elle-même que cette classe de neige avait été une réussite, car elle nous avait permis de réaliser de nombreux travaux par la suite.

 

Au clos de Saige, la vie s’écoulait lentement. Madame A, voisine aux « petits oignons », s’entraînait au tennis dans son jardin. Il y avait aussi la famille L., famille des petits génies aux dires de leur mère. Les frères se moquaient gentiment des voisins qui le soir rameutaient leurs chiens à grands cris par la fenêtre. Eric D collectionnait les images de dinosaures et essayait de nous épater de sa science. Monsieur M., l’un des résident du clos, dit un jour:  » Mettons un peu de convivialité dans le quartier. Organisons une fête du clos de SAIGE ! » L’événement eut lieu sur un terrain derrière chez Monsieur M. Un repas fut servi, des jeux et des énigmes se sont succédés dans l’après-midi afin de trouver un trésor fictif.

 

Petit à petit, au fil des années, les résidents du clos de Saige déménagèrent. Quand je suis rentré au collège, Bertrand mon grand copain du clos était parti. Claire et Nathalie, plus jeunes, n’étaient pas encore au collège. Rien n’était plus pareil.

 

Olivier G.

Mars 2019

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